S’exprimer
Mon collègue Caius Yawovi m’envoya un message l’autre nuit:
Le papa de Darina te dit merci pour les mots que tu as écrits sur sa fille.
Merci, l’ami, avais-je simplement répondu afin de passer à autre chose. Nulle envie de récolter des lauriers pour s’être exprimé sur un acte combien ignoble et infâme. Juste exprimer son ras-le-bol pour ce qui nous attriste, nous consterne, d’un côté; ce qui nous émeut, nous ravive, nous dépasse, peu importe les seuils… de l’autre. Oui, juste exprimer son ras-le-bol pour tout ça. Avant et après tout, il s’est agi juste de s’exprimer.
Ce que l’histoire retient
Je me suis permis un billet pour dénoncer également notre silence, le silence du peuple togolais face au drame de Cabinda. C’est vrai, il y avait eu des réactions, mais on aurait voulu en avoir plus. Lire l’article sur Obilalé.
Ce billet m’a permis d’avoir un bref échange avec OBILALE Kodjovi, notre héros national. J’étais très heureux de le voir sur la scène du ballon d’or africain le 07 janvier 2020 au Caire, recevoir un trophée de distinction pour son courage et sa détermination à toujours avancer malgré les vents qui soufflent sur sa vie. Mon plaisir a été grand. Mon billet y a-t-il contribué pour quelque chose? Je ne veux même pas le savoir. Ce qui m’a intéressé, c’est l’action menée. S’exprimer.
Parlons Darina. Retour sur les faits
Togo : La miss YPN Darina Wilson assassinée à Baguida, son téléphone portable emporté
Marcher pour Darina
Je salue l’initiative de la structure YPN et partenaires qui ont eu l’idée de cette marche. Beaucoup de symboles. Pourquoi donc participer à cette marche? Plusieurs raisons à structurer en 3 idées forces.
Raison 1: Çà n’arrive pas qu’aux autres
Nous sommes tous des Darina ambulants. Si nous sortons et revenons chez nous tranquillement, c’est peut-être parce que notre tour n’est pas encore arrivé. Dire non à travers cette marche silencieuse, reste un acte citoyen, dont l’initiative doit émaner elle-même de chaque citoyen, togolais, connaissant ou non, celle que nous désignons aujourd’hui la victime.
Raison 2: Pour ne pas trahir une fois encore
Qu’est-ce qui nous est le plus cher aujourd’hui?
- Échanger avec les amis?
- Lire un bon livre?
- Préparer un diplôme supplémentaire?
- Manger?
Tout ça est bon. Mais delà de ça, s’engager pour une cause qu’on juge noble. Un engagement sans invitation, sans cor, sans trompette mais dont nous trouvons d’un seul coup la nécessité et l’importance. Ça aussi c’est important. Allons marcher!
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Raison 3: Et s’il n’y pas de raison pour la faire?
J’aimerais partager une philosophie avec vous: la philosophie UBUNTU.
Ubuntu est une philosophie humaniste africaine fondée sur une éthique du solidarisme reposant sur la relation à l’autre. C’est la militante libérienne Leymah, Gbowee, prix Nobel de la paix qui en a donné une définition à méditer: « Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous ». En Egypte ancestrale, le « je suis parce que nous sommes » s’oppose en fait à « nous sommes parce que je suis ». En fait, c’est l’éternelle guerre entre la priorité à accorder au solidarisme ou à l’individualisme et qui vient avant l’autre ? La poule ou l’œuf ?
Respect the dress code: Red and black and meet at the RAMATOU junction on the national N ° 2 from 3 p.m. Walk, candle lit, in silence. Meditate on the sound of footsteps and inside yourself, say no to what happened. Meditate on the parents’ suffering and say no to what happened. Meditate on life that is changing and say no to what happened. Meditate on the candle light and decide to grow. Grow!
Grandir
Grandir, c’est marcher sur la rive du temps tout en explorant la fragilité qui nous entoure.
Grandir, c’est accrocher son sourire sur la ligne du vent afin de le faire réchauffer par le soleil des autres.
Grandir, c’est veiller les uns sur les autres.
Grandir, c’est être vigilant.
Grandir, c’est se soutenir et s’exprimer.
Grandir, c’est dire non.
Grandir, c’est aussi s’oublier pour l’autre.
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